Muss i denn zum
Heinrich Wagner
Übers Jahr, übers Jahr, wenn mer Träubele schneid’t,
Träubele schneid’t, stell i hier mi wiedrum ein.
Bin i dann, bin i dann,
Dein Schätzele noch,
Schätzele noch, so soll die Hochzeit sein.
Übers Jahr, da ist mein Zeit vorbei,
Da g’hör i mein und dein,
Bin i dann,
Bin i dann,
Dein Schätzele noch,
Schätzele noch, dann soll die Hochzeit sein!
Zur Lauterbach
In Lauterbach haw’ ich min Shuhe vertanzt.
Und ohne Shuh’ geh’ ich nit heim;
Da steig’ ich dem Schuster zum Fenster hinein,
Und hol’ ein Paar andre heraus.
In Lauterbach haw’ ich min Herzel verloren,
Ohn HErzel da geh ich nit heim,
Drum geh ich erts wieder nach Lauterbach nein,
Un hol mer ein Herz wieder hein.
Bin alle mein Liebtag nie trauri gewesen,
Un bin a zum trauern zu jung;
Hab’ immer die Junge recht gerne geseh’n,
Und grosse und kleine genung.
Der Hans im Schnockaloch
Héros national, le Hans im Schnokaloch est le symbole de l’alsacien, tiraillé depuis toujours entre deux nationalités, entre deux cultures, n’arrivant à se décider pour l’une ou pour l’autres, reconnaissant des avantages à l’une, voyant les inconvénients de l’autre, ….
C’est à Strasbourg que débuta ce mythe, là où, dès le Moyen Age, entre les multiples bras de la Bruche, près de marécages inhospitaliers, les promeneurs et fêtards de la ville se promenaient et allaient boire un verre à l’auberge du « Schnockaloch » (trou à moustiques). Au XIXè, après l’assèchement du ried et de gros travaux d’aménagement d’un parc, de riches propriétaires y construisirent leur résidence de luxe. L’auberge avait encore très bonne réputation et son tenancier, un certain Hans sut se faire une renommée durable car à la qualité de sa table.
Un étudiant farceur (il y en avait déjà de nombreux) ou un client acariâtre (ceux-là étaient moins nombreux vu la notoriété de la maison) improvisa un jour une chanson qui resta immédiatement gravée dans la mémoire collective.
« Jean du Schnockaloch a tout ce qu’on désire, « D’r Hans im Schnockaloch het àlles wàs m’r will,
Mais il offre tout ce qu’on ne veut pas Un wàs er het, des will er nit,
Et n’offre pas ce que l’on veut Un wàs er will, des het er nit.
Jean du Schnockaloch a tout ce qu’on désire. » D’r Hans im Schnockaloch het àlles wàs m’r will. »
Cette chanson survécut à Hans et fut transformée, enrichie de nouvelles strophes par des auteurs tantôt anonymes, tantôt connus. Hans restait toujours un éternel insatisfait.
« Il a une femme comme il faut, « Er het a süfri Frau, getrei in Glick un Not,
Fidèle dans le malheur comme dans le bonheur, Rec tschäffe, so wie’s weni git,
Honnête comme il y en a peu, Doch was er het, diss wille r nit :
Mais il ne sait pas apprécier ce qu’il a Er losst sie sitze d’heim, bis sie sich grämt ze dot. »
Et l’abandonne à la maison,
La laissant mourir de chagrin. »
Certaines strophes traitent de la même faon son valet, sa servante, sa maison, ses champs, … et même sa tombe.
Durant la deuxième guerre mondiale, un couplet nouveau se tailla un succès particulier car elle faisait office de précepte :
« Jean du Schnockaloch dit tout ce qu’il veut, « D’r Hans im Schnockaloch sààt àlles wàs m’r will,
Il ne dit pas ce qu’il pense, Un wàs er sààt, des denkt er nit,
Et ne pense pas ce qu’il dit. Un wàs er denkt, des sààt er nit.
Jean du Schnockaloch dit tout ce qu’il veut. » D’r Hans im Schnockaloch sààt àlles wàs m’r will. »
Même Massenet, dans ses « Scènes Alsaciennes », utilise cette mélodie en tant que thème centrale. Vers les années 1950, c’est jusqu’au très mauvais goût que cette mélodie a été orchestrée, à l’image d’une tendance de la musique populaire, au point que ‘on parlait de la « Schnogolie » pour parler du mauvais goût culturel en vigueur.
Enfin, ce thème est bien exploité également dans les nombreuses fêtes qui, essentiellement dans le Bas-Rhin, évoque le mariage de l’Ami Fritz.
BETETTLIED
3. Dü gehsch ins Hüs hinein uns iech bylb drauisse, 1. C’est nous les pauvres gars, faisons la quête:
Damit, wenn’s Prigel gitt, ich kann dertlauife. Sébile et havresac – pleins pour la fête.
4. Dü gehsch vors Ladele un iech vors Tirele, 2. J’irai dans la maison – toi sous la fenêtre
Dü heisch e Epfele un iech e Birele. A moi la bonne dame, à toi le maître.
5.Dü bisch e Gygere un iech e Tanzere, 3. A moi la soupe chaude, à toi la froide
Dü bisch e halwe Narr un iech e ganze. J’aurai la pomme rouge, et toi la poire.
6. Der Schambadissele hat rote Backle, 4. Tu feras la musique et moi la danse,
Hat Lys wie Flattermys un Fleh wie Rattle Puis tirerons tous deux la révérence.
Hop Marianele
Ce sont vraisemblablement des soldats de l’armée napoléonienne qui importèrent en Alsace cet air qui tire son origine d’une chanson de corps de garde dont les Alsaciens respectèrent la mélodie et dont le texte inspira les paroles.
En français : Trempe ton pain, Marie (bis)
Trempe ton pain dans la sauce
Si les paroles de cette chanson, comme celles de beaucoup de chansons populaires, doivent être lues entre les lignes, à savoir comme une invitation à la débauche, les prudes alsaciens en ont fait une gentille chanson vantant les menus plaisirs de la petite bourgeoisie, bonne chère, les divertissements faciles, le bien-être domestique. On en a fait une danse (polka piquée) qui fut pratiquée très longtemps.
« Saute Marianne
Saute Marianne
Viens, nous allons danser,
Prends un petit morceau de fromage et de pain,
Mets-les dans ton ventre
Du ventre dans le sac
Donne-moi une prise de tabac,
Du ventre dans le sac,
Donne-moi une prise de tabac. »
Nature
Kuckuck, Kuckuck, ruft’s aus dem Wald
Berceuse
Schlof, Kindele schlof
Il est peu de mères alsaciennes qui n’aient pas chanté cette berceuse à leur bébé.
Schlof, Kendele, schlof! Dors, petit enfant, dors,
Din Vadder hiät die Schof, Ton père garde les moutons,
Diä Müeder shiddelt s’Bäumele, Ta mère garde les beaux agneaux blancs,
Do fallt herab ä Dräumele, Dors,mon ange doré,
Schlof, …. Dors,petit enfant dors!
Schlof, ….
Am Himmel gehn die Schof,
Die Stärnle sin die Lämmele.
Der Mon, der isch das Schäferle,
Schlof, …
Schlof, ….
Un briäl nit wiä nä Schof,
Suscht kummt des Schäfers Hindele
Un bisst mi beeses Kendele,
Schlof, …
Fêtes calendaires
Die heilige drei Königen
Veile Rose
Des violettes, des roses!
Nous chantons pour les beignets.
Des violettes, des roses!
Nous chantons pour les beignets.
Les beignets sont fris,
Nous entendons grésiller le poëlon:
des beignets! des beignets!
Bonheur et bénédiction dans votre maison.
D’après A. Stöber, cette chanson se chantait le Mardi Gras, après que les jeunes gens aient allumé
le grand feu et dansé tout autour en s’amusant. Ils se répandaient dans le village et allaient quémander
des beignets.
Des variantes existaient:
– Pour obtenir plus sûrement satisfaction, ils ajoutaient: « Dank i Gott, ihr Liäwe Litt,
Läwe wohl unn zirne nitt. »
(« Dieu vous le rende, braves gens,
portez-vous bien et excusez-nous! »)
– S’ils n’obtenaient rien, ils partaient en chantant: « Es stäckt e Gawle in eurer Xand,
Err hämmer nigs gäh, dass isch e Schand. »
(« Une fourchette est plantée dans votre mur,
vous ne m’avez rien donné,
c’est une honte. »)
Chansons historiques, patriotiques ou à relent régionaliste
Der junge Graf
Bauernkrieg
N’est ce pas une vie misérable
Que celle du pauvre paysan?
Avant d’avoir porté son nom,
Il vaudrait mieux d’exhiler du pays?
Partout on crie: paysan, travaille;
Paysan, supporte la punition;
Paysan, paie comptant,
Sans cela on te prendra ta maison;
Paysan, apporte tes redevances,
Ramasse-les où tu peux.
La Guerre des Paysans dite Guerre des Rustauds éclata en Alsace en 1525.
C’était un soulèvement contre la noblesse, mené peut-être par les anabaptistes avec à leur tête Erasme Gerbert de Molsheim.
Il y eut un certain nombre de chansons de ce style, toutes faites pour entraîner les révoltés.
Ayant conquis Saverne, ils y restèrent un certain temps. Mais chassés par le Duc de Lorraine, ils se répandirent vers l’Est, en Allemagne dont ils dévastèrent les contrées traversées.
La Marche de Turenne
Après 1672, Louis XIV, roi de France, dépouilla Turckheim de son autonomie alors que la ville faisait partie de la Décapole.
La bataille de Turckheim oppose le 5 janvier 1675 Frédéric Guillaume de Brandebourg à la tête d’une armée austro-brandebourgeoise, au maréchal de Turenne, commandant une armée française.
La stratégie adoptée par Turenne surprend l’ennemi, car il attaque depuis les Vosges. faisant passer son armée par la montagne pour descendre sur Turckheim.
En 1672, Turenne a plus de 60 ans. Il se trouve au faîte de ses honneurs après avoir été promu par le roi maréchal général des camps et armées du roi, colonel général de la cavalerie légère, gouverneur du Limousin et ministre d’état.
A l’automne 1674, les 30 000 impériaux, rejoints par 20 000 Brandebourgeois, passent le Rhin et établissent leurs quartiers en Alsace sous le commandement du grand électeur, Frédéric-Guillaume de Brandebourg . Turenne ne compte que 30 000 hommes. C’est par une stratégie inédite qu’il espère renverser la situation qui lui est défavorable. Il mettra un mois entier à réaliser ce plan en s’occupant personnellement de son application: après avoir organisé la reconnaissance et l’amélioration des chemins qui coupent le massif montagneux, il choisit la période hivernale, traditionnellement marquée par la trêve des combats pour attaquer par surprise les ennemis.
L’opération est un succès et il inflige une défaite cuisante à l’ennemi, au prix d’un combat relativement peu meurtrier (300 Brandebourgeois tués).
Toutefois, après la victoire des français sur les Impériaux, Turenne permit à ses troupes de piller et d’incendier la ville car le bourgmestre avait aidé les Impériaux.
Une autre lecture des faits :
En 1648, le traité de Westphalie met fin à une longue et cruelle guerre de trente ans. L’Alsace a perdu 50% de sa population. Le landgraviat de Haute-Alsace et le bailliage de Haguenau, anciennes possessions habsbourgeoises, sont annexés par Louis XIV. Les villes libres impériales de la Décapole (union de dix villes libres alsaciennes) et Strassburg refusent cependant de jurer fidélité au Roy. La guerre de Hollande (1672-1678), permettra de briser dans le sang et les cendres les derniers îlots de résistance que sont les villes de la Décapole et de mettre en échec le Saint Empire afin d’asseoir définitivement sa domination totale sur l’Alsace (qui deviendra une véritable province avec la reddition de la ville de Strassburg en 1681).
En janvier 1675, Turenne et ses troupes mirent à sac Turckheim, massacrant les Alsaciens qui n’étaient pas parvenus à fuir, allant jusqu’à couper les seins des femmes. Un tiers environ de la population périt à cause de cet homme que l’histoire nous présente comme un héros. Héros peut-être de la France conquérante de l’époque car il remporta une bataille décisive dans la conquête de l’Alsace, mais avant
tout bourreau pour les Alsaciens, car il commit ses méfaits dans l’ensemble de la région. « Les habitants d’Alsace ne rentreront chez eux que lorsqu’ils apprendront que l’armée de Turenne ne sera plus dans la Province », constatait alors l’administration de l’époque.
A Turckheim, plusieurs monuments relatant cette histoire sanglante de la ville peuvent être visités.
A Eguisheim, une hostellerie indique également le passage de Turenne, la nuit précédant la bataille.
2.
Victoire en Palatinat
Feux de joie en Allemagne
Une, deux et trois campagnes
C’est le tour à Catinat.
3. Ils ont pavoisé Paris
Les fiers dragons de Noailles.
Avec les trophées ennemis,
Ils ont décoré Paris.
Autres paroles sur la mélodie de la Marche des Rois de Lully – Bizet.
M’sieur d’Turenne a dit au Poitevin M’sieur d’Turenne a dit aux gars bretons
Qui a grand soif et qui demande à boire. A qui les cloches donnent du courage.
M’sieur d’Turenne a dit au Poitevin M’sieur d’Turenne a dit aux gars bretons
« Aux champs d’Alsace, il pousse aussi du vin. « Morbleu ! Courez me prendre ces canons !
Et ce vin pétille mieux Avec le bronze l’on fera
S’il est versé par Madame à Gloire De quoi sonner par-dessus vos villages
Et ce vin pétille mieux Avec le bronze l’on fera
Lorsqu’on y mêle un flot de sang joyeux. » De quoi sonner lorsqu’on vous mariera. »
M’sieur d’Turenne a dit aux Provençaux M’sieur d’Turenne a dit aux gens du Roi
Très désireux d’entendre les cigale. Qui marchent fiers sous les drapeaux de France.
M’sieur d’Turenne a dit aux Provençaux M’sieur d’Turenne a dit aux gens du Roi
« La poudre chante à l’heure des assauts. « Levez la tête et tenez le corps droit !
Dans l’air en feu vous entendrez Aux jolis yeux, sachez, soldats,
Autour de vous la musique des balles. Mousquet au poing, faire la révérence.
Dans l’air en feu vous entendrez Aux jolis yeux, sachez, soldats,
Des cigalons de soleil enivrés. » Quant aux boulets, ne les saluez pas !
Kaiser der Napoleon
Un officier français dit:
Nous sommes perdus,
Tous nos plus beaux hommes
Sont gelés dans la neige.
Grenadiers et ovltigeurs
Montent à l’assaut,
Ils se démènent et tuent
Avec leur lance éffilée.
L’Espagne et l’Angleterre
Chantent le gloria
Il faut démembrer la Russie,
Sans cela in n’y aura point de paix.
Cette chanson fort répandue en Alsace est curieuse car il en existe deux versions dont une de l’allemand Erlach, véritable satire contre Napoléon.
« L’empereur Napoléon est allé en Russie où il s’est emparé de la grande ville de Moscou.
Il dit à ses gens: Il n’y a pas de butin ici, il faut que nous prenions encore Petersbourg, la résidence.
Là, il ya du pain et du vin assez, et une vie agréable, avec du champagne et de l’eau de vie.
Un officier français dit: Nous sommes perdus, nos beaux jeunes gens sont gelés dans la neige.
Compagnon, prends garde à toi, tu verras ce qu’il t’en arrivera encore;
Ne vois-tu pas la grande armée qui se lève pour le combat.
Les Cosaques et la Landwehr sont dans les retranchements, lève-toi canonnier, lève-toi pour la danse.
Les Français courent en grande hâte pour attraper quelque chose, mais la faim les talonne trop, il faut qu’ils meurent tous.
Dieu punit l’orgueilleux; c’est pour cela qu’il est écrit: L’Empereur Napoléon sera vaincu. »
O du Frankreich
O France, je dois marcher,
O France, je dois partir, (bis)
Pour quelques temps, il me faut te quitter,
Pour quelques temps, il me faut te fuir,
Ma patrie bien aimée,
Ma patrie bien aimée.
Allons, adieu mon père chéri,
Allons, adieu, portez-vous bien (bis)
Si vous voulez me voir encore,
Montez en haut de la montagne,
Regardez dans la vallée profonde,
Et vous m’apercevrez une dernière fois.
Allons, adieu ma mère chérie,
Allons, adieu, portez-vous bien. (bis)
Dans la douleur, vous m’avez mis au monde,
Je suis choisi pour aller contre l’ennemi;
O douleur qui me fend le coeur. (bis)
Voici une des rares chansons de conscrits d’où se dégage une certaine tendresse. Habituellement chants de victoire, celle-ci montre la douleur du jeune homme à quitter sa patrie tant aimée.
O Strassburg !
2. Eu’r Sohn kann nicht geben
Für so und so viel Geld,
Eu’r Sohn une der muss sterben
Im weiten breiten Feld (bis)
3.Im weiten, im breitem,
ALl vorwärts vor dem Feind;
Wenn gleich sein schwarbraun Mädchen
So bitter um ihn weint. (bis)
4. Sir trauert, sie weinet,
Sie klaget gar so sehr.
Ade, mein herzliebst Schätzchen,
Wir sehn uns nimmermehr (bis)
5. So mancher, so schöner,
So tapfere Soldat,
Der Vater und lieb Mutter
Bösslich verlassen hat (bis)
6. Verlassen, verlassen,
Es kann nicht andres sein,
Zu Strasburg, ja zu Strasburg,
Soldaten müssen sein (bis)
7. Die Mutter, die Mutter,
Die ging vor’s Hauptmann’s Haus;
Ach! Hauptmann, lieber Hauptmann,
Gebt mir mein Sohn heraus (bis)
Dass Elsass unser Land
Chanson patriotique antérieure à 1870
L’Alsace notre patrie,
Est belle à porter envie,
Nous la tenons serrée au ruban,
Et ne la lâcherons point, pardieu!
Juhé!
Et ne la lâcherons point, pardieu!
…..
Cette chanson est de plusieurs années antérieure à la guerre de 1870.
Elle exhale un véritable esprit patriotique et l’attachement à la terre natale.
Parmi les nombreuses familles allemandes partant pour l’Amérique, il y en a très peu venant d’Alsace.
Celles-ci sont attachées à leurs montagnes et aux vallées vosgiennes.
La Marseillaise
Elle fut écrite par Rouget de Lisle à Strasbourg dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 à la suite de la déclaration de guerre à l’Autriche. Elle portait le titre de Chant de guerre pour l’armée du Rhin ; mais les fédérés de Marseille l’ayant fait connaître les premiers à Paris, elle prit le nom de Marseillaise.
partition du XIX e siècle
Rouget de l’Isle chantant « La Marseillaise », 1849, Isidore Pils,
Le maire de Strasbourg, le baron de Dietrich, avait demandé à Rouget de Lisle en garnison à
Strasbourg d’écrire un chant de guerre. Rouget de Lisle retourna ensuite à son domicile en soirée.
Il composa ainsi un Hymne de guerre dédié au maréchal de Luckner. (le Bavarois Nicolas Luckner commandait alors l’armée du Rhin). Ironie du sort : le futur hymne national est ainsi dédié à un Bavarois qui sera guillotiné moins de 2 ans plus tard. C’est pourtant bien ce chant qu’il présenta le lendemain, à Dietrich, à son domicile. Cette scène a été immortalisée, notamment dans le tableau d’Isidore Pils, présenté au musée des Beaux-Arts de Strasbourg. Le chant retentit ensuite publiquement pour la première fois sur la place Broglie, devant l’hôtel de ville de Strasbourg.
Le texte est fortement inspiré d’une affiche de propagande diffusée à cette époque. L’origine de la musique est plus discutée, puisqu’elle n’est pas signée (contrairement aux autres compositions de Rouget de Lisle). Toutefois, la ressemblance avec la ligne mélodique de l’allegro maestoso du concerto pour piano n° 25 (datant de 1786) de Wolfgang Amadeus Mozart est à signaler. Le septième couplet, dit « couplet des enfants », date d’octobre 1792 ; il est attribué à Jean-Baptiste Dubois, Marie-Joseph Chénier et l’abbé Dubois.
Le 22 juin 1792, un délégué du Club des amis de la Constitution de Montpellier, le docteur François Mireur, venu coordonner les départs de volontaires du Midi vers le front, entonne pour la première fois à Marseille ce chant parvenu de Strasbourg à Montpellier par un moyen inconnu
Après un discours prononcé le 21 juin devant le Club des amis de la Constitution de Marseille, Mireur est l’invité d’honneur d’un banquet le lendemain et, prié de prononcer un nouveau discours, il entonne le chant entendu à Montpellier quelques jours ou semaines plus tôt. Dans l’ardente atmosphère patriotique de l’heure, il suscite l’enthousiasme et le chant, repris le lendemain par les journaux locaux, sera distribué aux volontaires marseillais qui l’entonneront tout au long de leur marche vers Paris en juillet 1792.
La Marseillaise est déclarée chant national le 14 juillet 1795.
Interdite sous l’Empire puis la Restauration, elle est remise à l’honneur après la révolution de 1830 et redevient hymne national sous la IIIe République, en 1879 – le Président de la République de l’époque était alors Jules Grévy. Le ministère de l’Éducation nationale conseille d’en pratiquer le chant dans les écoles à partir de 1944, pratique qui est dorénavant obligatoire à l’école primaire (loi du 23 avril 2005, modifiant l’article L321-3 du Code de l’éducation). Les Constitutions de 1946 (IVe République) et de 1958 (Ve République) conservent La Marseillaise comme hymne national
Considérée comme passéiste dans les années 1970, La Marseillaise fut un temps délaissée au profit des nationalistes dont le Front national. Depuis la fin des années 1990 pourtant, La Marseillaise, tout comme le drapeau national, semblent de retour comme symboles républicains forts.
Pierre Dupont, chef de la musique de la Garde républicaine (1927-1944) compose l’arrangement officiel de l’hymne national. C’est cette version qui est encore actuellement en usage.
Mais, La Marseillaise a eu de nombreux interprètes, dont : Serge Gainsbourg (1979) sous le titre de Aux armes et cætera, version reggae qui déclencha de nombreux émois. Au cours de l’une de ses représentations, des parachutistes le prirent à partie et distribuèrent des tracts auprès du public, mais lorsque Gainsbourg, sorti de la salle, alla à leur rencontre et entonna La Marseillaise dans sa version officielle, a cappella, ils se figèrent au garde à vous. En décembre 1981, Serge Gainsbourg acheta le manuscrit original du Chant de guerre de l’armée du Rhin lors d’une vente aux enchères : « J’étais prêt à me ruiner », déclara-t-il.
Big Red (1999) avec le titre Aux armes etc… tiré de l’album Big Redemption. C’est une version reggae-ragga en clin d’œil à celle de Gainsbourg.
On trouve l’ébauche de la mélodie de La Marseillaise dans le concerto pour piano et orchestre n° 25 (KV 503) de Mozart composé quelques années plus tôt : les douze premières notes de l’hymne sont jouées au piano par la main gauche à la fin du premier mouvement allegro maestoso (16e, 17e minutes).
Giuseppe Cambini a pris le thème à Airs patriotiques pour deux violons, où il est cité et repris avec variations, avec d’autres mélodies patriotiques.
Le thème de La Marseillaise a été repris par Piotr Ilitch Tchaïkovski dans sa grandiloquente Ouverture 1812 opus 49 célébrant la victoire russe de 1812 sur les armées napoléoniennes. On peut y entendre les premières notes de la mélodie utilisées comme motif mélodique récurrent, en opposition aux thèmes mélodiques de différents chants patriotiques russes.
De la même manière, le compositeur polonais Wojciech Kilar a repris des fragments du thème de la Marseillaise dans le film Pan Tadeusz – Quand Napoléon traversait le Niémen, également dans le passage intitulé « Rok 1812 » (L’année 1812).
Schumann l’a inclus aussi dans le premier mouvement du Carnaval de Vienne, par défi envers Metternich, qui avait interdit la Marseillaise à Vienne.
L’air de l’hymne officieux du Royaume de Wurtemberg rappelle La Marseillaise mais les paroles dues à Justinus Kerner sont d’une toute autre inspiration. Cet hymne a pour titre Preisend mit viel schönen Reden ou Der rechte Fürst.
Mel Brooks en a aussi fait une reprise, en introduction, sur son morceau It’s Good To Be The King.
Les Grenadiers de Reichshoffen
La bataille de Reichshoffen s’est déroulée le 6 août 1870 en Alsace, au début de la Guerre franco-allemande de 1870. Elle est célèbre pour une série de charges de cuirassiers français (cavalerie lourde) qui ont lutté face à la IIIe armée prussienne. Celle-ci, avec ses cent-trente-mille hommes, avait un avantage numérique de trois contre un sans compter sa supériorité matérielle.
Le sacrifice de ces hommes fut totalement inutile d’un point de vue militaire mais a été copieusement utilisé par la propagande, notamment pour la reprise de l’Alsace (Hansi par exemple).
Assaut prussien le 6 août 1870 lors de Bataille de la Frœschwiller-Wœrth
À l’aube du 6 août 1870, une unité de reconnaissance du Ve corps prussien à l’approche de Wœrth tombe sur les avant-garde françaises et engage le combat, auquel vont se rajouter un corps bavarois au nord et un autre prussien au sud.
S’ensuivent une série de combats ponctuels . À Wœrth, les prussiens disposent de 108 pièces d’artillerie qui écrasent la 3e division et leur permet de franchir la Sauer. Une brusque contre-offensive du 2e régiment de zouaves les repoussera. Jusque midi, les combats restent indécis, plutôt en faveur des français.
Le Kronprinz décide alors d’engager le combat et porte l’ensemble de sa force (90 000 hommes) contre celles de Mac Mahon (45 000 hommes). À 13 h une manœuvre d’encerclement est initiée par le sud. C’est alors que se situe la charge de la division de Bonnemains. Dans le bois de Frœschwiller, le 2e Zouaves oppose une forte résistance au IIe corps bavarois et parvient même à le refouler un moment sur la Sauer mais finit par y être encerclé. Seul un dixième de cette unité en sortira.
À 16 h, les Français sont refoulés dans Frœschwiller qu’abordent déjà les Allemands. La 2e division de réserve contre-attaque alors en direction de Elsasshausen. Cette contre-attaque se révèle fructueuse, repousse les Allemand en-dehors du village et permet de reprendre l’artillerie perdue. Cependant, alors qu’ils arrivent à la limite de leur effort, les Allemands débouchent du bois de Niederwald et les attaquent de flanc.
Le terrain était parsemé de vignes et de houblonnières depuis lesquelles des éléments Prussiens embusqués engagèrent le combat. Après avoir bousculé ces éléments, les cuirassiers pénètrent dans Morsbronn par le nord, essuyant un feu nourri venant des maisons où les Prussiens s’étaient retranchés. Continuant leur charge, ils se dirigent presque tous, trompés par la largeur de la rue, dans la rue principale qui, se rétrécissant progressivement jusqu’à l’église, re devient une souricière où les cavaliers deviennent la cible facile des tireurs prussiens. À leur tour, les deux escadrons du 6e lanciers s’engouffrèrent par le nord dans Morsbronn où ils subirent le même sort que les cuirassiers. En peu d’instants, ces escadrons furent anéantis.
Le général Michel tenta une action de secours, harangant ses troupes : « Camarades, on a besoin de nous, nous allons charger l’ennemi ; montrons qui nous sommes et ce que nous savons faire, vive la France ! ».
Seuls 17 cavaliers parvinrent à se dégager et à retrouver les lignes françaises.
Les chants de Noël traditionnels d’Alsace
Noël !
Le mot magique !
Particulièrement dans notre région, riche de traditions germaniques.
Fête des enfants, fête des familles, de l’amour, de la joie, de la lumière dont elle est issue !
Car depuis les temps les plus reculés, ce désir de lumière après de longues semaines d’hiver, de froidure, de ténèbres, de dangers, est fêté lors du solstice d’hiver qui annonce le retour du soleil, l’allongement des jours.
Le Christianisme a profité de cette aubaine pour marquer la naissance du Christ à cette date, le Christ venu sur terre pour faire briller une nouvelle lumière pour l’humanité.
En Alsace, la fête de Noël jouit depuis des siècles d’une popularité sans cesse égale.
Autour d’elle s’est greffée toute une culture,
* gastronomique (les wihnachtsbredle sont par nous tous tant attendus),
* décorative (que d’originalités et de créativités dans l’agencement des
couronnes de l’avent et autres décorations à suspendre au sapin et à placer
dans tous les endroits de la maison – et de plus en plus dans les jardins et
sur les façades des maisons),
* artistique (que dire des rétables d’Issenheim de Mathias Grünewald et des
Dominicains de Martin Schongauer (1445-1491), sans compter les
innombrables gravures du même artiste et de tant d’autres, des miniatures
dans les nombreux manuscrits écrits dans les monastères, ..)
* musicale (chants de Noël, concerts pour toutes formations instrumentales, …)
La coutume du sapin de Noël est la plus répandue dans de nombreuses régions du monde. Les plus anciennes traces nous fons découvrir que c’est peut-être en Alsace que cette tradition est née.
Si de très nombreuses sociétés païennes fêtaient le solstice d’hiver (21 décembre), le triomphe du christianisme a rejeté aux oubliettes cette date pour lui préférer celle de l’avènement de la naissance de Jésus, 3 jours après.
Les recherches faites ont permis de découvrir des textes de Geiler de Kaysersberg, prédicateur de la cathédrale de Strasbourg et de Sébastien Brant dans « la Nef des fous » (1494) qui parlent de traditions de Noël. Ainsi condamnent-ils la coutume des branches de sapin dans les chambres. Cela ressemblait trop à des coutumes païennes !!
Des documents du XIVè siècle racontent qu’à l’approche de Noël, les gens cherchaient des sapins en forêt, malgré la protection de celles-ci par les gardes forestiers. (A Buhl, près de Guebwiller, le Schultheiss devait garder la forêt 3 semaines avant et 3 semaines après Noël).
Mais à Sélestat, deux ouvriers reçurent, en 1546, une rémunération pour avoir coupé les arbres
pour la fête. A Kaysersberg (n’est-ce pas un des plus beaux marchés de Noël actuel ?) les bourgeois avaient le droit, dès 1557), de couper trois arbres pour Noël. …..
Au cours du XVIè siècle, l’arbre de Noël est orné de papiers multicolores, de pommes et de friandises. A Strasbourg, on dresse des sapins dans les chambres (quelquefois suspendus au plafond) et l’on y accroche des roses faites de papier multicolore, du papier-or, du sucre, ….
C’est semble-t-il depuis l’Alsace que la coutume du sapin de Noël s’est propagée dans toute l’Europe du Nord. Les bougies illuminant l’arbre de Noël daterait par contre du XVIIè et viendrait du Palatinat.
A cette coutume du sapin décoré s’ajoutera celle du Christkindel, l’enfant Christ, qui se confond avec celle de Sainte Lucie, sainte de la lumière qui, placée sur le calendrier le 13 décembre, était en fait fêtée le 23 décembre, pour le solstice. Ce personnage passait de maison en maison, habillé de blanc, une couronne de bougies allumées plantée sur la tête.
Il était souvent accompagné dans les campagnes par le Hans Trapp ou Rupelz, personnage sombre, symbole de nuit et de froid, qui devait faire peur aux gens et particulièrement aux enfants en les menaçant d’emporter avec lui, dans son grand sac, les mauvais garnements.
A la demande du Christkindel, les enfants chantent des cantiques de Noël, jadis connus de tous.
Ces mêmes cantiques et bien d’autres étaient chantés un peu plus tard dans la soirée à la messe de minuit. (Bien des légendes et coutumes existent quant à la préparation de cette veillée de Noël et la messe qui la suivait).
C’est essentiellement dans les églises protestantes que cette tradition est riche et la pratique du chant à plusieurs voix voire accompagnée d’instruments très forte. Mais ces airs émouvants touchent les hommes bien au-delà de pratiques religieuses et c’est dans la rue, dans les foyers, dans les paroisses et partout que résonnent ces airs durant les semaines qui précèdent Noël jusqu’à la Fête des Rois.
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Les chants de Noël en Alsace !
Autour des chants de Noël, devenus un réel patrimoine régional, se rassemblent les générations familiales. Durant des siècles, les familles se réunissaient autour du sapin pour entonner avec bonheur et espoir ces airs souvent un peu mélancoliques dans la culture germanique, beaucoup plus gais et dansant dans la culture française.
Si le répertoire de chants de Noël est immensément vaste, de nombreux cantiques sont nés en Alsace. Ils ont été collectés par Carl Reyzs et J.B. Weckerlin en plusieurs volumes facilement disponibles dans toutes les librairies. La plupart du temps, on les trouve dans les versions en allemand et en français, souvent à 2 voire à 3 ou 4 voix. (l’orthographe allemande est quelquefois assez éloignée de celle que nous connaissons car les chants datant de nombreux siècles, elle était différente de celle d’aujourd’hui. Quant aux traductions en français, elles varient fortement d’une version à l’autre, d’un traducteur à l’autre)
- Schlaf mein Kindelein (douce merveille)
- Es kommt ein Schiff geladen (Des cieux, vers nous avance) p 187
- Ihr Kinderlein kommet (bambins et bambines) p 112
- Mittle in d’r Nacht p188
– O Jesulein Zart 1677
– Schlaf wohl du Hmmelsknabe 1890
Le plus ancien cantique date du IXè siècle, en langue allemande, du moine Otfried de Wissembourg.
« Alors s’accomplit pour Marie le temps
Où elle devait donner vie à l’enfant
Dans lequel le monde entier a mis son espoir,
Et elle donna naissance à son fils
Qui nous a été promis depuis longtemps ….
D’autres cantiques connus datent des XIVè et XVIè siècles, tel
« Es kommt ein Schiff geladen
…..
Un navire arrive parmi nous
Qui apporte un beau cadeau …. »
Au XVè, le moine Henri de Laufenbourg mort en 1460, écrit :
« Dans une crèche était couché l’enfant
Tout près se tenaient un âne et un bœuf …. »
C’est en 1885 que Jean Baptiste Weckerlin publia le premier recueil de cantiques et chansons populaires d’Alsace.
On y trouve entre autres le chant de 1697 : « Il nous est né un petit enfant »
D’autres chants furent harmonisés pour 4 voix, des mélodies furent écrites sur des poèmes en alsacien par Carl Reysz (1889 – 1968) (« Sur la chaumière gémit le vent »)
Geboren ist uns ein Kind
Cantiques de Strasbourg 1697
Chant très prisé par les Alsaciens mais qui n’est vraisemblablement pas d’origine régionale
car la carure tantôt ternaire, tantôt binaire est très rare dans la culture alsacienne.
Schlaf mein Kindelein
Cantiques de Strasbourg 1697
Uns kommt ein Schiff
Tauler recueil de Cologne 1543.
Tauler est mort et enterré le 16 juin 1361 au couvent des Dominicains de Strasbourg,
celui-là qui, dénommé Temple-Neuf, fut détruit par les bombes prussiennes le 24 août 1870.
Notes prises à partir des ouvrages suivants :
Noël en Alsace Lucien Sittler éditions Delta 2000
Cent chansons pour les enfants d’Alsace Marcel Fenninger Guide Poche DNA
La Tradition alsacienne Matin Allheilig Mars et Mercure
Chansons Populaires d’Alsace J.B. Weckerlin Editions J.P. Gyss
Conférence à l’UP de Mulhouse Daniel Muringer
« les sources de la musique traditionelle alsacienne »